Шкура Алексеева Ольга
IV
Mon diteur amricain, Dutton, de New York, me telegraphie demandant les droits en langue anglaise «of your wonderful La peau» dont il a les chapitres publis par Carrefour. Ce mot «wonderful» me redonne confance en mon travail, dans la bouche d’un diteur. Quand je travaille, je suis la merci de tout. La moindre chose m’abat, m’enlve toute confance. Je tremble, si quelque nouvelle lue dans un journal m’ennuye. Pour toute la journe je ne suis plus capable de travailler. Une lettre suffit, un mot, une ligne de journal. Cette sensibilit l’gard de l’extreur est pourtant toute ma force. Que je suis loin de ressembler au personnage que l’on fait de moi en France! On ignore tout de moi, et pourtant on dit et on crit de moi les choses les plus invraisemblables. Je me demande parfois si mon succs n’est pas dans l’ide fausse que le public se fait de moi. Est-ce qu’un se fait les mmes fausses ides sur Montherlant, sur Cocteau, sur Giono? Je me le demande. Et quelle ide se fait-on, au juste, de moi? On me prend pour un collaborateur, un ami des Allemands, un farouche fasciste, un nazi. Quelle ide! Je ne puis que rire de cela, et les Italiens riraient aussi, s’ils le savaient. Je ne suis ni un hros, ni un martyr: je ne fais pas de politique. Touts mes avatars sont des avatars littraires. J’ai t mis en prison pour des raisons littraires, non pas politique. On veut faire de moi un personnage politique, et naturellement cela ne cadre pas avec moi, et les gens n’y comprennent plus rien[371].